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MON ENFANT EST HYPER SELECTIF AU NIVEAU ALIMENTAIRE

Mon enfant est hyper sélectif au niveau alimentaire 


Il ne mange que des pâtes. il mange mais seulement de la purée très lisse, il ne mange que des nuggets mais que du Mac Do…


Petites phrases anodines qui sont souvent des motifs de consultation pour un trouble de l’alimentation et un vrai casse tête pour les familles.
En effet, un enfant qui présente des troubles de l'oralité alimentaire (trouble alimentation) n'est pas seulement un enfant qui ne mange pas... 
Il peut manger et avoir une courbe staturo pondérale correcte mais présenter des hyper sélectivité!

Parlons un peu de développement...

Très tôt, bébé va découvrir les goûts, dans le ventre de maman avec le liquide amniotique (bébé peut laper jusqu'à trois litres de LA en fin de grossesse), dans le lait maternelle qui n'a pas le même goût, ni la même composition au cours de l'allaitement, et enfin avec la diversification. Les changements de texture seront une nouveauté de la diversification "solide". Bébé va donc dès le ventre de maman commencer la découverte sensorielle alimentaire pour créer un répertoire sensorielle alimentaire. 

A la diversification, vers 4 mois, bébé va découvrir les petites purées lisses et fines. 
Le développement sensori moteur et le recul du réflexe nauséeux, lui permettra ensuite de gérer des textures plus épaisses, puis des textures grumeleuses (texture mixée avec des petits morceaux mous vers 8-12 mois). 
Le passage vers les morceaux se fera (souvent) sans difficulté avec l'appétence naturelle de l'enfant pour aller découvrir son environnement avec sa bouche mais aussi avec la progression des ses capacités de préhension et la gestion du main-bouche.
Pour indication, l'introduction des morceaux se situe autour de 12 mois.
La curiosité sera notre meilleur allié pour avoir une réponse positive, à une exposition alimentaire quotidienne. 

La maudite période de la sélectivité!!!

Autour des 3 ans, notre jolie petite tête blonde va se mettre à refuser certains aliments notamment nos "très chers légumes", on appelle cette étape la phase de sélectivité transitoire. Pas de panique, pas de pression, cette phase est un passage dans le développement de l'enfant (Bien sur on peut parler de normalité si notre enfant avant cette phase avait développé une alimentation en morceaux variée). 
On ne s'énerve pas!!! Au niveau parental, gardons une attitude bienveillante, pas de forçage, pas de punitions, on ne reste pas des heures à table devant son assiette!

Mais alors que fait on?
On continue à proposer de façon systématique les aliments que nous mangeons (la famille) à notre enfant en veillant à lui maintenir un goût copain à chaque repas afin de garder le plaisir de manger. On lui propose une quantité gérable en le mettant en situation de réussite. Notre enfant réintégrera progressivement (attention on parle de plusieurs mois voir plusieurs années parfois pour cette phase) les aliments délaissés au fur et à mesure.

Mais parfois c'est bien plus compliqué...

Pour certains enfants, le passage d'une texture à une autre, ou d'un goût à un autre, va entrainer de grosses difficultés au niveau du comportement comme des colères, des pleurs, des hauts le coeur, voir des vomissements!!!!
Comment faire la différence entre la sélectivité transitoire et un vrai trouble de la sélectivité alimentaire.
Quand un enfant présente un trouble de la sélectivité alimentaire, il a moins de 20 aliments dans son panel alimentaire (répertoire alimentaire). 
Les aliments qu'il va délaisser ne seront pas réintégrer dans son alimentation. Il se désorganise au contact d'un nouvel aliment. 
Il va refuser de manger un type de textures (mixé lisse, mixé grumeleux, morceaux...)

Que faire? 

Je vais vous parler d'une approche qui fait ces preuves de l'autre côté de l'atlantique. 
Une approche où on va travailler sur l'habituation progressive à un aliment ou une texture (que ce soit au niveau sensoriel ou dans la gestion motrice). 
L'objectif de cette approche est de pouvoir augmenter le panel alimentaire de l'enfant.
Il est important de trouver un thérapeute, ergothérapeute ou autres, formés afin de vous aider dans la mise en place du protocole. 

En effet, le thérapeute doit déterminer le goût copain de l'enfant (C'est à dire l'aliment qui lui procure du plaisir), les renforçateurs (aider l'enfant par le jeu et le plaisir à dépasser ses difficultés), les textures de départ, comment on va présenter l'alimentation en terme de couleur, quantité...

L'ergothérapeute va vous proposer un ordre de progression (du facile vers plus difficile), la mise en place d'un cadre facilitateur pour encourager la réussite de votre enfant.
C'est un vrai partenariat qui va s'établir entre le thérapeute, l'enfant et la famille. 
La famille sera au centre de l'accompagnement, ce qui veut dire aussi que vous allez devoir maintenir le cadre et le cap tous les jours à la maison.
Sans partenariat, il sera très difficile de travailler sur l'habituation systémique.

Quelques précisions

Faites une petite expérience, bandez vous les yeux et vous allez explorer un aliment sans l'aide de la vue. 

Que faites vous?
Dans un premier temps, vous allez le toucher pour apprendre sa forme, sa texture, sa résistance. 
Ensuite vous allez essayer de le reconnaitre à l'odeur
Si vous n'arrivez toujours pas à identifier l'aliment, vous allez le poser sur vos lèvres afin de sentir le goût. 
Vous ne le mettrez en bouche qu'à partir du moment où vous l'avez reconnu. 

Alors voilà, vous venez d'expérimenter une méthode d'habituation systémique à un aliment. 


Avant de pouvoir manger un aliment, l'enfant va donc devoir l'appréhender avec ses sens. 

Le rôle de l'ergothérapeute lors des consultations est donc d'évaluer le fonctionnement sensoriel de l'enfant pour comprendre s'il existe des troubles au niveau de la perception ou de la modulation sensorielle. Déterminer l'aliment à explorer. Le choix n'est pas anodin et devra être en adéquation avec les capacités sensorielles, motrices et les habitudes environnementales.  

En séance, l'ergothérapeute va réévaluer les seuils neurologiques sensoriel par rapport à l'alimentation. 
Par le jeu, il va travailler sur des nouvelles textures ou des nouveaux aliments. Il est préférable qu'un nouvel aliment soit expérimenté en séance avant d'être intégré dans un protocole d'habituation. 
Puis, on met en place un travail en partenariat avec la famille, pour que les exercices d'habituation soient fait tous le jours. 
Ce partenariat doit bien sur tenir compte des réactions de l'enfant, on avance à son rythme, on lui permet de recracher jusqu'à ce que le bolus soit acceptable sensoriellement et au niveau fonctionnel.



Alors si on récapitule...


On regarde: acceptation visuelle du plus loin vers le plus proche.
Pouvoir toucher : Le toucher va nous donner beaucoup d'informations sur la mise en bouche ensuite (température, texture, résistance , grosseurs...)
Etablir un main bouche pour sentir et rapprocher l'aliment de la zone orale
Appréhender l'aliment avec les lèvres pour en explorer le goût
Tolérer l'aliment dans la bouche
Comprendre et apprendre la mastication 
Pourvoir l'avaler après l'avoir croquer et mastiquer correctement 

Si vous voulez en savoir plus et que vous lisez bien l'anglais (Lol) je vous conseille le site https://sosapproach-conferences.com

Je reste bien sur entièrement disponible pour échanger et répondre à vos questions.

Marie RUFFIER BOURDET 
Ergothérapeute/Occupational therapist















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